Homme.

Un jour, par évolution, apparut l'Homme. D'abord proche de la nature, vivant de chasse et de pêche, il s'est regroupé. Il a regroupé ses frères et a formé des petites communautés, des débuts de civilisation. Il a appelé ça des villages. Il a aimé, il a enfanté, il s'est étalé.

Mais l'Homme ne sait pas vivre en communauté. C'est comme si tous ses efforts de fratrie pacifiste étaient déjà morts-nés. Il a fallu qu'il essaye de monter sa supériorité aux autres, il s'est inventé des origines supérieures aux autres pour se justifier de ne pas les traiter comme son égal. Mais avant cela, l'Homme, peureux de la nature et de sa colère imprévisible, s'est rassuré. Lui a inventé des origines divines et incompréhensibles, pour se réconforter de ce sentiment de petitesse et d'incompréhension qui lui était familier. Et c'est de cela dont il s'est servi pour se justifier d'actes immoraux. Il a tué ses semblables, il l'a humilié, sous le nom de la grandeur de l'intelligence immortelle.

Et puis il a transformé. Il ne s'est pas transformé, mais il a traversé la nature, il l'a vue mais, au lieu de l'admirer, il l'a domptée. Il a éperdument essayé de maîtriser les flots, de bloquer les avalanches, de contrôler les saisons. Il a laissé dévorer son appétit de contrôle de l'autre sur la nature. Il a évolué dans les apparences mais n'a pas su prendre du recul sur ce qu'il avait fait sur son environnement naturel pour évoluer aussi à l'intérieur.

Et puis l'Homme a subi. Il a vu la colère des océans déchaînés détruire ses constructions qu'il avait mis des centaines d'années à concevoir. Et puis il s'est ouvert l'esprit. Il a regretté, a baissé la tête et a voulu bien faire. Mais est-ce que il en est encore temps ? Est-ce que ce n'est que déjà mort que l'Homme a vécu ? Est-ce que son envie de supériorité morbide n'a pas toujours été planifiée et ce n'est que la fin du miracle ?